Pour dynamiser sa campagne de don, la Fondation du Patrimoine nous a incité à organiser des évènements de qualité :
Nous avons suivi les conseils et reçu, pour un premier concert, le duo Harpe et Saxo de Béatrice Guillermin et Nicolas Prost.
L’ambition de produire des concerts à la hauteur de la formidable aventure de notre collégiale, la faire renaître de ses presque ruines se devait d’être accompagné d’un écrin musical capable de la réveiller dignement de toutes les années passées dans la pénombre de l’oubli.
C’est ce qui nous a conduit à faire
la connaissance d’Obsidienne.
A la lecture du répertoire de ce groupe nous avons, peut-être un peu trop vite, choisi le spectacle de la « Lune très belle », paraphrasant en pensée Edmond Rostand, « c’est dans la nuit qu’il est bon de croire à la lumière. »
L’élément déclencheur de notre choix fut, il faut bien se l’avouer, la présence de la Sybille à la deuxième ligne du programme.
Présence que nous avons découvert nous aussi en ce lieu, au milieu des pierres hautes de notre édifice et que nous avons étudié dans le
11e Cahiers de la Collégiale en 2018.
La Sibylle à Rome, la Pythie à Delphes, sous des appellations diverses et venant du fond des âges et de l'actuelle Crimée, apparait dans l'art de l'Occident chrétien vers le XIIe siècle, à la veille de la construction de notre édifice par Guillaume de Seignelay.
Une et multiple, la Sybille relie païens et chrétiens. Annonciatrice de résurrection, voire de renaissance, elle les conduit d’une humanité mortelle à une divinité éternelle.
Harcelée sexuellement par un « Apollon », la tradition nous dit que la Sibylle obtient, en échange de ses faveurs, un millénaire d’existence mais sans la dispense de la vieillesse. Telle une momie desséchée, elle se recroqueville au plafond de sa grotte, abandonnée, oubliée et finalement invisible.
Qui mieux que la Sibylle peut personnifier les décrépitudes de notre collégiale ?
Elle aussi, presque millénaire, n’en subit pas moins les injures d’un temps qui la conduit inexorablement de l’ordre du construit, au désordre du tas de pierres.
Recroquevillée au mur nord de l’église, la Sibylle d’Appoigny était abandonnée, oubliée et finalement invisible aux yeux des Époniens.
Curieusement c’est à la première phase de la restauration que nous fûmes incités à déchiffrer cette figure étrange.
Fallait-il y voir quelque signe ?
Un académicien du siècle dernier la compare à une rose de Jéricho. Recroquevillée, elle aussi, en milieu désert, elle attend la moindre goutte d’eau pour reverdir et renaître.
Bien que cette eau soit un élément plutôt destructeur pour la collégiale, nous avons associé la Sibylle au concept de Restauration.
Avec Emmanuel Bonnardot, nous avions envisagé d’entrecouper les paragraphes du programme par une évocation historique de notre village.
Mais à la réflexion il nous a semblé bien plus prometteur de se fier au message sibyllin d’autant que le dernier paragraphe s’intitule :
Et la lumière fut…
Nous nous sommes donc laissé guider par
les musiques médiévales de la nuit…
pour accompagner la deuxième séquence du réveil de notre monument…
…et bien nous en a pris car cette seconde animation a vu la collégiale se remplir pour le plus grand plaisir de l’assistance, et d’Obsidienne qui fêtait son trentième anniversaire :
Cinquante programmes ont été remis
à quatre-vingt-huit spectateurs
Notre association conserve l’espoir d’un avenir meilleur pour son monument.
Puissent de nombreux Époniens désireux d’un centre-ville culturel attrayant nous rejoindre pour organiser d’autres manifestations de qualité.