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Notes de lecture

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Pierre Barbier, Auxerre et l’Auxerrois. Pays d'art et d'histoire. 248 p. + 60 pl. h. t. aux Éditions de la revue du centre Paris .1936.

« Entre les éléments lapidaires des meilleurs guides touristiques et les études systématiques consacrées à un seul monument et souvent peu accessibles, « l’honnête homme » qui veut visiter les monuments d'une région, même aussi bien pourvue que la Bourgogne, se trouve parfois devant un choix difficile d'autant que bien des monographies provinciales comportent encore, dès qu'il s'agit des édifices anciens, des descriptions approximatives voire impropres. Aussi le livre de Pierre Barbier, épuisé depuis des décennies mérite-t-il d'être cité. Son auteur sera un des meilleurs spécialistes de la castellologie. Sa France féodale, éditée en 1968 est trop peu connue.

Dans ce petit livre sans prétention qu'il a consacré à l'Auxerrois il a, après une présentation générale de l'histoire de l'évêché d'Auxerre résumant les travaux de Lebeuf et de ses successeurs, décrit les principaux monuments de la ville et de la région, s'attardant sur une vingtaine d'édifices religieux et de châteaux. Les descriptions sont claires et précises. Qu'il s'agisse de l'église de Varzy ou du château de Druyes-les-Belles-Fontaines, l'essentiel est dit avec des observations toujours pertinentes. L'intérêt de ce petit livre est aussi de comporter des planches de clichés — parfois naïfs — montrant l'état des monuments il y a presque un siècle ».

[Compte-rendu] Vaivre Jean-Bernard de Bulletin Monumental  Année 1977  135-4  p. 347

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Voici ce qu’il dit de notre collégiale* :

« L’intérieur de l’église est pauvre et mesquin, et là, apparaissent des images de saints et saintes joufflues et coloriées, et dont le bizarre accoutrement offense la majesté du saint lieu ».

 Telle était en 1840 l’opinion peu favorable à l’église d’Appoigny d’un auteur qui n’était autre que Savatier-Laroche, futur représentant du peuple sous la deuxième République !...

Sa sœur Joséphine est l'épouse de Pierre Colleret, notaire et maire d’Appoigny. *

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L’ancienne église collégiale Saint-Pierre d’Appoigny, construite au XIIIe siècle par les architectes qui travaillaient alors à la cathédrale d’Auxerre, est précisément un chef-d’œuvre de l’art ogival ; elle offre de plus l’intérêt assez rare d’avoir été bâtie d’un seul jet et d’être ainsi d’une remarquable unité de style…

L’évêque guillaume de Seignelay, qui fonda au début du XIIIe siècle un chapitre de chanoines dans ce pays fit construire la collégiale.

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L’église d’Appoigny comporte en plan une nef avec collatéraux de quatre travées, un transept peu saillant et un chœur d’une seule travée terminé par un chevet plat. Le clocher et une chapelle latérale élevés postérieurement au plan primitif font saillie sur le bas-côté nord ;

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L’ancienne salle du trésor et la sacristie couverte d’une belle voûte de la renaissance occupent les angles formés par le chœur et les deux croisillons, la première au sud et la seconde au nord. Les grandes arcades et les doubleaux sont en tiers-point, les voûtes sur croisée d’ogives.

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Un faux triforium court au-dessus des grandes arcades de la nef ; il se compose dans chaque travée de deux arcs en plein cintre renfermant chacun deux arcatures trilobées.

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Une série d’arcatures aveugles en tiers-point reposant sur de fines colonnettes garnit tout le pourtour du chœur. Trois baies en lancette sont percées dans le chevet plat du chœur, dans chacun des pignons du transept et dans le mur de façade ouest de la nef ; d’autres baies semblables éclairent latéralement l’édifice.

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Un magnifique jubé élevé de 1606 à 1610 par l’évêque François de Donadieu occupe la largeur de la nef dans la quatrième travée ; c’est une œuvre de la fin de la renaissance. Il comporte trois grandes arcades cintrées avec des pilastres cannelés à chapiteaux d’ordre composite ; la face orientale regardant le chœur n’a jamais été sculptée mais le côté ouest, face à la nef, est couverte de riches bas-reliefs représentant au milieu la Crxifixion avec la Descente de Croix et la Mise au Tombeau, à droite l’Annonciation, et à gauche saint Pierre, patron de l’église, délivré dans sa prison par l’Ange.

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Les quatre statuettes qui encadrent ces scènes sont celles des apôtres saint Jean, saint Pierre, saint Paul et saint Jacques ;

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des anges symbolisant les Vertus occupent les écoinçons au-dessus des arcades.

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Une colonnade formée de pilastres carrés doriques ferme chaque croisillons du transept entre le jubé et le chœur ;

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des stalles de bois lui sont adossées ;

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Un beau lutrin de cuivre représentant un aigle orne le chœur ;

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Le maître-autel du XVIIe siècle est accosté de quatre colonnes cannelées d’ordre composite.

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Deux portes cintrées latérales surmontées de frontons, de même style que le jubé, font communiquer du chœur dans le transept ;

A l’effigie de saint Pierre et saint Paul, ces portes ne sont probablement pas étrangères à la perpétuation du faux vocable attribué XIXe siècle et qui a encore une fâcheuse tendance à persister dans des milieux victimes de sources erronées*.

Voir Bernard, Fiacre, Pierre ou le syndrome de Paul ; Écho de l'Étai - 21 ; Blog des Amis de la Collégiale Appoigny.

 

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Aux angles nord-est et sud-est du transept sont deux autres portes semblables qui ouvrent dans des cellules de recluses occupant ces angles ; ces deux cellules où furent autrefois enfermées des femmes visionnaires ou pénitentes sont actuellement devenues une rareté.

A ce point du descriptif nous nous devons de préciser que la taille de ces deux réduits interdit de les comparer aux reclusoirs des pénitentes*.

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Contemporaines de la clôture de chœur, ces deux cellules furent construites par la confrérie Saint-Jacques qui, à Auxerre, était toute puissante. Elle se consacrait, entre-autres, à visiter les malades et à leur attribuer une aide financière dont le montant était fixé à 6 deniers par jour. (Denise Péricard-méa, Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Âge. PUF. 2000). De toute évidence les confrères auxerrois avaient intérêt à isoler les nombreux rouliers ou pèlerins de passage souhaitant faire leurs dévotions : protégeants protégés*.

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La décoration du retable du transept sud est là pour nous rappeler l’importante participation de la confrérie et, s’il n’y a pas lieu de reclusoirs à pénitentes, ces deux cellules n’en sont pas moins rarissimes*.

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Avant de quitter l’intérieur de l’église d’Appoigny, ne manquons pas d’y admirer les superbes chapiteaux à crochet du XIIIe siècle et d’évoquer les parents de saint Germain d’Auxerre, Rustique et Germanille, à qui la terre d’Appoigny appartenait et qui sont inhumés au pied de l’autel.

Ici encore nous devons interrompre ce descriptif. Rappelons que l’église fut construite aux environs de 1215 sur  l’emplacement d’un cimetière antique. Les fouilles menées par le CEM Auxerre au chevet de la collégiale ont mis en évidence un débris de sarcophage du Ve siècle*.

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Si les parents de saint Germain reposent à cet endroit, l’emplacement exact demeure toujours inconnu. En témoignent les fouilles sauvages entreprises au XXe siècle et qui expliquent le désordre du pavage de l’église*.

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La planche 37 nous présente la face ouest du jubé et une vue générale de l’intérieur de l’église.

L’extérieur de l’église d’Appoigny est simple et même sévère. La tour carrée a été élevée au XVIe siècle ; elle est contiguë à la première travée du bas-côté nord ; une tourelle d’escalier est en saillie sur la façade.

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Le grand portail ouest est en tiers-point, orné de six colonnettes et de voussures du XIIIe siècle ;

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Une petite porte ouvre dans le bas-côté nord ; sous un arc trilobé elle a un tympan décoré de belles sculptures représentant des feuilles de vigne et des raisins : on voit que l’on est en pays vignoble.

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Dans la troisième travée du collatéral sud s’ouvre un portail latéral avec voussures en plein cintre et tympan trilobé ; il est accosté de huit colonnettes.

L’ancienne église paroissiale Saint-Jean d’Appoigny a été détruite en 1825. Quant au château des évêques d’Auxerre à Régennes, édifié dans une île de l’Yonne en amont d’Appoigny, il fut souvent assiégé et ruiné durant les guerres du moyen âge ; il avait été reconstruit en 1769, lorsqu’il fut démoli à la révolution ; il s’y élève encore aujourd’hui une vaste maison, de plaisance. »

A l’instar du compte-rendu introductif nous pouvons donner un satisfecit à Pierre Barbier qui, voici 88 ans a su décrire avec justesse notre collégiale sans tomber dans l’erreur induite par l’ouvrage de Max Quantin sur l’ajout de saint Paul à notre église.

Vocable qui commence à se réparer en même temps que la disparition de cette horrible béquille : l’étai du nord-ouest*.

*N.D.L.R.

Initiée en 2018 la restauration a repris sous les auspices de la nouvelle municipalité. De longs et pénibles efforts seront encore nécessaires avant que notre tâche soit achevée.

Avec l'aide de l'association Les Amis de la collégiale d'Appoigny, la commune souhaite mobiliser des fonds afin de restaurer ce bien patrimonial ancré dans le paysage éponien. Vous pouvez apporter votre aide à notre projet en faisant un don par chèque ou en ligne via le site internet sécurisé de la Fondation du patrimoine. Tous les donateurs pourront bénéficier d'avantages fiscaux incitatifs. La Fondation du patrimoine pourra apporter un financement complémentaire en fonction du montant de la collecte de dons. Mobilisons-nous !

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