La tradition d'orienter les édifices religieux remonte à la nuit des temps : de nombreux sites mégalithiques sont orientés vers le lever ou le coucher du Soleil lors des solstices d'été ou d'hiver. En Egypte, les temples sont parfaitement orientés selon un axe est-ouest, de telle sorte qu'à certains moments de l'année, des statues sont éclairées alors qu'elles demeurent dans l'obscurité le reste du temps.
Il en est de même pour notre collégiale. C’est à l’heure où se prépare un formidable rajeunissement de notre village/ville, qu’il a semblé intéressant, aux Amis de la Collégiale, de revoir la particularité de notre monument historique.
Tout a commencé au solstice d’été, on ne sait pas précisément de quelle année (1215 ?) mais on est sûr du jour de ce piquetage. Des œuvriers aux ordres de l’architecte se rendirent sur le site, à midi, pour tracer l’axe de l’édifice. Un piquet, pour le centre d’un premier cercle délimitant l’emprise du bâtiment. Ce cercle comprenait deux carrés.
L’ombre portée du piquet/gnomon, à midi du 29 juin, définit la diagonale nord du carré vert (la terre) et la largeur de la future nef. Le carré bleu (le ciel), quant à lui, orienta perpendiculairement l’axe de l’édifice, conformément à la tradition : de l’est à l’ouest et, pour ce qui nous concerne, le jour de la Saint-Pierre.
On vérifie cette précaution symbolique dans pratiquement toutes les églises et principalement à Vézelay où la lumière du soleil, au solstice et à midi, se confond avec l’axe de la création de la basilique.
Le trajet symbolique de la lumière parut d’une importance telle que tous les rituels, profanes ou religieux se conformèrent à cette projection.
Mieux que personne, les constructeurs, connaissant le symbole et attachés à la tradition, pratiquaient ce rituel, lors même d’une simple visite. H. Vincenot dans « Les étoiles de Compostelle » nous en décrit les détails :
« Ils (Les compagnons) montèrent toute la nef centrale, la redescendirent gravement, prirent le bas-côté nord qu’ils remontèrent, passèrent devant le chœur… et redescendirent le bas-côté sud… à vrai dire, c’était ainsi qu’ils faisaient chaque fois qu’ils visitaient une église. » (Cf. Les Cahiers de la Collégiale N° 11)
Le rituel des cérémonies religieuses ne diffère pas de ce symbolisme. Que ce soit pour un mariage ou pour des obsèques, les participants observent tous, peut-être sans savoir pourquoi, le même trajet solennel.
Ainsi que le cœur de village/ville, la collégiale va enfin être restaurée dans son entier. Véritable arc de triomphe, la porte principale, non seulement restaurée, retrouvera son utilisation première.
L’aménagement du parvis pour le stationnement d’un véhicule de cérémonie et une chicane suffisante pour ralentir la circulation, rendra à cette porte la sécurité et la solennité qu’elle mérite.