MAURICE GRUAU
Les Amis de la Collégiale d’Appoigny ont la douleur de faire part du départ, pour un Orient éternel, de son Président d’honneur fondateur et généreux mécène.
La vie de cet être d’exception serait difficile à résumer en un banal éloge. Aussi il nous a paru préférable de reproduire, au jour de sa mort, une partie des articles parus à l’occasion de la sortie de son livre :
Naissance d’un vieux prêtre
Éditions Métailié 2012
« Il en va des prêtres comme des époques. Maurice Gruau, ordonné en 1955, est un de ces prêtres que le Concile Vatican II et le mouvement de 1968 ont particulièrement bouleversés. Comment faire quand on parle araméen, grec, latin, que l’on a fait une thèse sur Origène, que l’on aime le rock, la peinture contemporaine, et que l’on a décidé de rester « Curé de Campagne » ? Il reste la psychanalyse et les sentiers ouverts par le Christ et éclairés par Lacan. Naissance d’un vieux prêtre – dont on ne boudera pas le titre – est le récit de vie de cette génération. Maurice Gruau sous forme de petits chapitres nous fait voir comment d’un gamin né à Château-Gontier, élevé à Paris, replanté en Mayenne puis dans l’Yonne, est sorti ce vieux prêtre à nouveau parisien qu’il est devenu.
Le prêtre appartient à une institution mais demeure un mystère à lui-même au point que les événements qui jalonnent sa vie ont tous un goût de transfiguration et restent liés à un mystère qui trouve sa résonnance dans cet étrange ministère à vie. Il y a ici du Bernanos qui, mieux que les thèses des théologiens, essaye de redire l’absolu inclassable de toute foi :
« Les étapes que je vais tenter de décrire m’ont conduit, pour rester fidèle à la parole séductrice de Jésus de Nazareth, à habiter quantité de lieux nouveaux : après le marché aux chevaux de Vaugirard, le séminaire de Laval, le lycée du Sacré-Cœur de Mayenne, les presbytères de Connée, du Bourgneuf et d’Ernée, l’évêché de Laval, l’Université de Haute-Bretagne, une douzaine de paroisses bourguignonnes, l’Université Paris VII, le journalisme avec Dimanche en paroisse et Aujourd’hui Dimanche, l’aumônerie des prisons, la gérance d’une cordonnerie et d’une fabrique de cakes, la présidence d’un groupement régional de salles de cinéma et celle d’une association vouée à l’informatique, une fraternelle amitié avec nombre de francs-maçons, un amour pourtant interdit, de profondes et durables amitiés, l’affection de plus jeunes qui m’adoptèrent comme leur frère, leur père, leur parrain ou leur grand-père et d’autres encore. Tous ont contribué à la naissance du vieux prêtre atypiquement fidèle que je suis aujourd’hui. » »
Ouest France 2012
« « Ce récit voudrait faire voir comment d'un gamin né à Château-Gontier, élevé à Paris, replanté en Mayenne puis dans l'Yonne, est sorti le vieux prêtre à nouveau parisien que je suis devenu », résume Maurice Gruau, dans son livre Naissance d'un vieux prêtre, paru fin 2012.
Curé, journaliste, professeur de fac à Rennes et Paris, vicaire général, aumônier des prisons, Maurice Gruau n'est pas à 82 ans un curé comme les autres. Ordonné prêtre à Laval en 1975, il décide de partir en 1979 pour la Bourgogne, où il restera jusqu'en 2001, en charge de 13 paroisses. Curé à Appoigny dans l'Yonne, « Momo », comme l'appellent les jeunes qu'il côtoie, a toujours été disponible pour tous, humbles et plus aisés.
Son ami Pascal Dibie le décrit comme « un homme simple, à l'écoute, un mystique caché dont la foi est profondément enracinée ». Ce fan de rock et de peinture contemporaine, qualifié de « prêtre de gauche », ce qu'il accepte, est bouleversé par le concile Vatican II et le mouvement de 1968. Admiratif des prêtres ouvriers, auquel il dédie un chapitre de son livre, il se révolte contre les rites religieux qui excluent. Son franc-parler et ses prises de position ne l'ont jamais détourné de sa vocation de prêtre « en harmonie avec le message de l'Église : vous êtes tous frères. »
Curé de campagne « éveillé », il a même partagé quelque temps l'amour d'une femme, ce qui lui permet de parler avec compréhension du célibat des prêtres. Et à 82 ans, avec un large sourire et des yeux pétillants, le retraité toujours actif nous offre avec ce livre autobiographique le récit riche d'une vie d'un prêtre atypique. »
Babelio 2013
« Curé, journaliste, professeur de fac à Rennes et Paris, vicaire général, aumônier des prisons.
Maurice Gruau n'est pas un curé comme les autres. Ordonné prêtre à Laval en 1975, il décide de partir en 1979 pour la Bourgogne, où il restera jusqu'en 2001, en charge de 13 paroisses. Curé à Appoigny dans l'Yonne, « Momo », comme l'appellent les jeunes qu'il côtoie, a toujours été disponible pour tous, humbles et plus aisés.
C'est un fan de rock et de peinture contemporaine, qui parle grec et latin, a repris, alors qu'il était déjà prêtre, des études de linguistique et d'anthropologie. Doctorat en poche, il est donc devenu prof à la faculté de Rennes, mais est resté curé de campagne. Plus tard, il a aussi dirigé comme rédacteur en chef deux publications catholiques. »
Le Point 2013
Il a été curé mais aussi journaliste, prof de fac et a partagé un temps la vie d'une femme : de cette trajectoire atypique, Maurice Gruau, 82 ans, a conclu que l'Eglise "se casse la gueule" et que les prêtres doivent travailler et se marier pour "être au monde".
"Ce n'est pas tenable !", lance ce svelte petit retraité, le cheveux blanc clairsemé, l'œil clair et rieur, dans une interview à l'AFP. "Nous avons aujourd'hui des cadres et un pape rétrogrades au possible et qui disent des choses tout droit sorties d'un autre âge", estime l'ancien curé de campagne, qui publie, le 8 novembre, "Naissance d'un vieux prêtre" (Ed. Métailié).
"Parler du mariage homosexuel n'est pas le rôle de l'Eglise", ajoute-t-il, attablé devant une bière. Comment de vieux célibataires peuvent-ils porter un jugement sur cela ? s'interroge l'octogénaire qui fut prêtre en Mayenne, puis en Bourgogne et aumônier des prisons.
"L'Eglise est là pour transmettre l'Evangile, rien de plus", juge-t-il. "Chacun doit rester à sa place".
Mais lui n'a pas hésité à s'affranchir des règles : il reconnaît avoir partagé quelques années la vie d'une femme : un "amour semi-clandestin", "seuls quelques amis étaient au courant". "J'ai aimé cette femme" et ce fut "une lumière spirituelle extraordinaire" qui "m'a permis de devenir pleinement un homme et de mieux comprendre les autres et Dieu", affirme-t-il.
Aujourd'hui, au crépuscule de sa vie, il affirme ne rien regretter. Très jeune, dès sa première communion à 7 ans, il a su qu'il voulait être prêtre malgré les réticences de son père, très anticlérical. "Pourtant je ne serais pas resté prêtre toute ma vie si je n'avais pas eu d'autres activités en parallèle", confesse-t-il, estimant qu'un prêtre doit pouvoir être entouré d'une famille et travailler.
"Si aujourd'hui le pape autorisait les prêtres à se marier (...) ce serait le signe fort d'une Eglise capable de revoir ses préjugés antiques", écrit-il.
Ce fan de rock et de peinture contemporaine, qui parle grec et latin, a repris, alors qu'il était déjà prêtre, des études de linguistique et d'anthropologie. Doctorat en poche, il est donc devenu prof à la faculté de Rennes, mais est resté curé de campagne. Plus tard, il a aussi dirigé comme rédacteur en chef deux publications catholiques.
"C'est une erreur d'imposer aux prêtres d'être enfermés dans la sacristie. Cela détourne des gens de cette vocation et les coupe de la vie réelle", estime-t-il, précisant que 9 sur 11 de ses coreligionnaires ordonnés comme lui à Laval en 1955 ont renoncé au service de l'Eglise.
Cette crise des vocations est un vrai sujet de préoccupation pour Maurice Gruau, qui déplore la légèreté des cadres de l'Eglise sur cette question : "une entreprise qui perdrait 90% de ses cadres aurait des motifs de s'interroger sur les raisons de cette hémorragie et sur l'avenir de l'entreprise".
Pourtant cet ancien fumeur de pipe qui se nourrit depuis 30 ans d'un unique repas par jour, se souvient avec émotion de l'enthousiasme provoqué par Vatican II. "Le problème c'est que rapidement l'Institution a fait machine arrière, d'abord doucement, puis ensuite, plus nettement". Une "erreur monumentale".
Ce "prêtre de gauche", comme il se décrit lui-même, veut toutefois rester optimiste. "Le discours ecclésial est fichu mais pas le discours évangélique. J'appelle de mes vœux une église plus fraternelle, moins coincée où les gens reviendraient". »
Adieu Maurice, tu as marqué ton passage chez les croyants et les non-croyants de notre région. Puissent, tous les époniens, garder ton souvenir en mémoire.
Les Amis de la Collégiale reconnaissants
Commentaires
Je viens par ces mots dire adieu a notre curé d'appoigny qui nous a toujours nous jeune a l'époque nous recevez au presbytère et nous laisser accès au magnétoscope et le frigo si quelqu'un aurait faim et après plus grand toujours présent a aider de nombreux jeunes dont moi et ma baptisé, communié, a marié mes parents et de nonbreuse personnes du village sa restera notre momo notre curé d'appoigny un grand homme qui restera a jamais dans les pensées des gens qu'il a croisé et moi hzi été fière et chanceux de avoir pu connaitre ce grand monsieur .adieu Maurice repose en paix et que tu sois accueilli comme tu le mérite bon voyage. Famille Caillon
Adieu Maurice, repose en paix... Je suis tellement heureuse d'avoir croisé ton chemin ! Tu étais un grand Monsieur ! Tellement bon et tellement au plus près de tous ...
Je ne t'oublierai jamais
Des liens philosophiques et fraternels s'étaient construits avec
ce regretté F. Maurice : sa mémoire fut évoquée dans la chaine
d'union samedi 12 fév.. Il avait été conférencier sur l'Homme Rituel .
Et de ce fait sa mémoire reste inscrite en loge de la GLDF .
A mon tour j'émet cette invocation : Bon voyage Fr. Maurice !